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Maj le 06/12/2023

Monsieur Pasteur

Comment ce projet a atterri sur ma table de travail

en japonais, 1988

est fort, la confiance. Une énergie qui se rit des escarpements. Je ne crains pas de me montrer faillible devant celui en qui j’ai confiance. Je ne crains pas qu’il découvre mes infirmités. Il les connaît, les accepte. Un éditeur en qui j’ai confiance peut me demander le saut dans l’inconnu, un travail hors registre, juste assez périlleux pour m’obliger à me rassembler et à bien calculer mon élan.


C’est ce que fit Ghylaine Povinah, début juillet 1985, en me proposant d’écrire un livre sur Pasteur. On était dans l’année du centenaire de la première vaccination anti rabique, prélude au centenaire de la fondation de l’Institut. L’offre éditoriale sur le sujet était quasi inexistante, il y avait donc une occasion à saisir.


— Est-ce que ça t’intéresse ? me proposa-t-elle en souriant.


Estomaqué par son offre, je me tassai sur ma chaise et balbutiai.


— Ben… Euh… C’est que…

— Je ne te demande pas une réponse à la minute. Réfléchis quelques jours.


C’était ma première commande et la crainte de ne pas être à la hauteur me paralysait. Je me sentais capturé et j’avais envie de me dégager.


— Ce serait quel genre de livre ? demandai-je avec prudence.

— Une biographie.


Elle me renvoya à un livre sur les camps de concentration, qu’elle avait publié récemment. Cela me donna une vague idée de ce qu’elle attendait. Je me détendis, commençant à me laisser tenter.


— Tu sais… j’ai toujours été nul en maths et en physique chimie, plaisantai-je.


Je voulais clairement la mettre en garde. Je m’étais retenu de lui demander : « « Pourquoi moi ? Tu n’as personne de plus compétent sous la main ? Il vaudrait peut-être mieux donner ce boulot à quelqu’un de qualifié. »

Elle rit.


— Oui mais, il y a aussi le côté humain de Pasteur, inséparable du scientifique. Ça nous intéresse, nous, et tu devrais être à l’aise dans ce registre.


Nous ? Des arrières plans se dévoilaient avec l’entrée de ce nous. Notre conversation respirait la mûre réflexion, le projet qui s’élabore dans l’ombre, pressent des auteurs, hésite avant de s’arrêter sur un nom… Qui composait cette fine équipe ? Raoul Dubois, Bernard Épin sans doute. Solides ressources éditoriales de La Farandole, le premier dirigeait la revue Jeunes Années, publiée par les Francs Camarades, et le second, fin connaisseur de la production éditoriale, tenait la rubrique des livres pour la jeunesse de L’Ecole et la Nation. Une autorité critique. On se côtoyait dans les débats, les formations. Rencontres de terrain façonnées par les échanges. Coude à coude, mélanges, partages...  Les sympathies s’érigeaient en fraternités.

Dans ce nous, je sentais la chaleur d’un grand feu et j’avais envie de participer à son rayonnement.


— Et il te faudrait le texte sous quel délai ? me décidai-je à demander.

— Septembre octobre. On voudrait sortir le bouquin au printemps prochain.


Le feu aux fesses, autrement dit !

Monsieur_Pasteur-2.jpg

Diplôme Loisirs Jeunes

Diplôme d’honneur

du prix européen

de littérature

pour la jeunesse

Monsieur_Pasteur_Japon-2.jpg Monsieur_Pasteur_Viet-Nam_1991-2.jpg

en viêt-namien, 1991